Gregory Hecht et François Bannier, les négociants-éleveurs du sud de la France, ont obtenu la certification BCorp pour leur petite entreprise. Ils sont les premiers en Provence.
Trente entreprises viticoles dans le monde ont obtenu la certification BCorp. C’est peu et elles sont surtout basées aux États-Unis. Pour l’instant, il n’y en a qu’une en Provence, Hecht & Bannier. Après avoir réalisé leur bilan carbone, les deux complices, dont les cuvées nous séduisent régulièrement, ont fait le choix de cette exigence pour devenir « un vrai acteur environnemental ».
Le fait d’être négociant-éleveur complique l’obtention de ce certificat. « Nous travaillons avec cinquante à quatre-vingts fournisseurs par an selon les millésimes. Cela nous oblige à être précis sur l’origine des raisins, ce que nous avons dû faire de toute façon pour notre bilan carbone », précise Gregory Hecht. « Pas simple pour les cinq collaborateurs de l’entreprise de courir le vignoble, sélectionner les raisins et les jus, mettre le nez dans les fûts, suivre les vinifications jusqu’à la mise en bouteille et gérer tous les paramètres exigés pour être dans les clous jusqu’au moindre litre d’essence dépensé. Nous l’avons fait au mieux, le résultat est là », ajoute François Bannier.
Intégrer dans la démarche de l’entreprise le réemploi des bouteilles, ils y croient plus que tout. Le verre représentant dans le calcul global 40 % des émissions de gaz à effet de serre. Deux obstacles sont identifiés : la puissance du lobby du recyclage auquel ils ne croient pas et la lourdeur de la mise en place de la procédure de collecte des bouteilles vides, surtout en grande distribution. Le label BioCorp concrétise les efforts considérables de cette marque qui vient d’avoir vingt ans.
BCorp est une certification d’entreprise (ce qu’on appelle RSE, responsabilité sociétale des entreprises) qui prend en compte cinq points : la gouvernance, l’impact de l’activité sur l’environnement, la « bientraitance » des collaborateurs et des employés, la relation avec les fournisseurs (raisin et matière sèche), la qualité du service auprès des clients. Les négociants ont dû répondre à 200 questions, puis fournir les pièces justificatives. Trois ans pour obtenir, fin septembre 2022, un score de 97,2/200. « Cela laisse une marge de progression », reconnaît Gregory Hecht qui souligne que le meilleur score obtenu est de 145 points. La certification BCorp n’est pas éternelle, elle est renouvelable tous les trois ans.
Mathilde Hulot
